Alimentation stabilisée 5A à DECOUPAGE 1,5 à 20 V
J'ai conçu cette alimentation afin d'assurer la mise au point de mon variateur pour moteur brushless décrit sur ce site.
Le composant qui assure le découpage de la tension de 30V issue d'un transfo torique et d'un pont de diodes, est un transistor MOSFET type IFRZ 44. C'est un MOSFET canal N, ce qui permet d'avoir une résistance R(d-s)on très faible (22milliohm) pour un prix modique(2 euro).
Remarque: Beaucoup d'alims à découpage découpent directement la tension secteur redressée (310 V crête), l'isolation du secteur étant ensuite réalisée par un transfo ferrite spécialement conçu. (ex: Alim de PC, AT, ATX et autre chargeurs de batteries...). Je n'ai pas utilisé ce principe ici parce que je n'aime pas parler de réalisations en prise directe sur le secteur, la mise au point est trop dangereuse.
1 Le schéma
Faire "afficher l'image" puis l'afficher à l'échelle 1 (suivant votre navigateur; les valeurs des composants seront lisibles)
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2 Le circuit imprimé en double face (avec plan de masse):
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3 L'alim dans son boitier:
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4 Principe mis en oeuvre:
Comme je voulais obtenir une régulation par le (+) et non côté masse, pour un tas de raisons, comme par exemple pour éviter des bouclages par la prise de terre du réseau entre l'alim et les sondes de l'oscillo, je devais intercaler le MOSFET coté positif. Et de plus je voulais utiliser un MOSFET canal N. (les MOSFETS canal P, facile à utiliser dans une telle configuration, ont à prix égal une résistance à l'état passant R(d-s)on beaucoup plus grande)
Oui mais un tel montage conduit à ne pas pouvoir saturer correctement le transistor si on utilise une liaison directe entre les CI logiques et sa gate. On peut concevoir un multiplicateur de tension, qui permet d'alimenter la gate par un potentiel supérieur à celui délivré par le transfo d'alim. ( J'ai d'ailleurs utilisé ce principe pour le variateur brushless). Ici j'ai préféré employer un petit transfo de ligne de rapport 1/1 qui permet d'assurer une saturation correcte de l'IRFZ44 par une tension flottante par rapport à la masse, mais référencée par rapport à la source du MOSFET. Entre autres avantages, celui d'assurer le blocage du MOSFET en cas de disparition des signaux de commande issus des étages de commande (suite à une défaillance éventuelle dans ces étages...)
Pour le reste, rien que du classique. J'ai n'ai utilisé volontairement que des composants classiques, aux fonctions bien définies, ce qui rend le montage didactique. J'ai en particulier fait l'impasse sur les circuits intégrés spécialisés qui assurent toutes ces fonctions d'une manière très efficace mais pas toujours très claire pour le profane.
On trouvera donc pour l'essentiel :
- un générateur de dent de scie de type NE555
- un comparateur rapide (LM339) qui compare la valeur de la tension instantanée de cette dent de scie à une tension fixe Uo. Cette tension Uo est la différence entre la tension de consigne ( fraction variable [par l'utilisateur] d'une valeur de référence obtenue par une diode zener ) ET la tension régulée obtenue en sortie du montage. Il s'agit donc d'une boucle d'asservissement. En sortie du comparateur LM339 on obtient un signal rectangulaire dont la fréquence est fixe (celle du NE55), et le rapport cyclique est fonction de Uo. Comme la tension de sortie de l'alimentation est proportionnelle à ce rapport cyclique, elle se trouve asservie à la valeur de la consigne.
- des amplificateurs opérationnels on ne peut plus classiques (LM324) assurent ces fonctions. Pourquoi utiliser ce vieux LM324 plutôt qu'un TL082 à entrée FET ? Tout simplement parce que le LM324 est aussi utilisé ici pour mesurer le courant de sortie afin de le limiter (Alimentation à caractéristique tension/courant rectangulaire), et pour ce faire, il fallait mesurer une tension très proche du (-alim) de l'ampli OP, ce que le LM324 sait faire.
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5 Théorie des Alimentations à découpage
Commençons par étudier les limites des alimentations stabilisées simples par transistor ballast:
Dans ce type d'alimentation, la différence de tension entre l'entrée et la sortie est obtenue par un élément en série entre l'entrée et la sortie, un transistor de puissance ou un MOSFET, agissant sur le plan électrique comme une résistance faisant chuter la tension de Vin à Vout.
Cet élément est parcouru par le courant débité dans la charge par l'alimentation , soit Iout qui peut être très important (plusieurs ampères).
La puissance dissipée par le transistor de régulation est alors égale à (Vin - Vout) x Ic.
On remarque que cette puissance est maximale lorsque Ic est égal au courant maximal que peut délivrer l'alimentation ET lorsque la tension délivrée est égale à la tension MINIMALE que peut donner l'alim, en effet, (Vin - Vout) est alors égale à sa valeur maximale.
Cette puissance est facile à calculer. Dans le cas des caractéristiques de l'alimentation décrite ici, si elle avait été conçue suivant ce principe du transistor ballast utilisé en régime linéaire, la puissance maximale dissipée par ce dernier aurait été:
Pdissipée = (30-1,5) x 5 = 142,5 W ce qui représente une puissance très importante. Il aurait fallu utiliser un très gros radiateur sur le transistor plus un ventilateur. .
L'alimentation à découpage décrite ici ne dissipe qu'environ 1W !
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6 Le bon rendement
EN VOICI LE PRINCIPE:
Pour éviter d'avoir à multiplier des volts par
des ampères, ce qui donne des watt, et partant, plein de joules,
il suffit de ne jamais avoir simultanément des
volts et des ampères aux bornes du transistor de
régulation. Comme cela est-il possible ? Tout simplement en
faisant travailler le transistor en régime de commutation : soit
il conduit totalement, et alors il se comporte comme un interrupteur
fermé qui laisse passer le courant mais qui ne présente
aucune tension entre ses bornes, soit il ne conduit pas du tout, il
bloque totalement le courant, se comportant comme un interrupteur
ouvert, ayant toute la tension à ses bornes mais n'étant
parcouru par aucun courant. Dans les deux cas la puissance
dissipée est nulle, puisque dans la formule (Vin - Vout) x Ic il
y a toujours un facteur égal à zéro. (Dans la
réalité, en mode passant, le transistor présente
une faible résistance série, ici 22 milliohm, ce qui fait
que la puissance dissipée est très faible mais pas nulle(*voir remarques plus bas)
OUI MAIS... Lorsque le transistor ne conduit pas, on
n'aura aucune tension en sortie de l'alimentation ! ET bien il suffit
d'utiliser un gros condensateur en parallèle sur la sortie afin
de maintenir cette tension de sortie à une valeur correcte
pendant le faible intervalle de temps durant lequel le transistor ne
conduit pas.
OUI MAIS... Lorsque le transistor conduit, toute
la tension d'entrée va se retrouver sur la sortie ! Alors
là, il faut remarquer que ce n'est pas ce qui se produirait: on
ne peut pas augmenter instantanément la tension aux bornes d'un
condensateur. Sa tension évolue en fonction du temps et d'autant
plus vite que le courant de charge est important
- dq = C.du
(la lettre 'd' est l'opérateur différentiel; 'q' est la
quantité d'électricité en Coulomb; 'C' est la
valeur du condensateur)
- dq = i.dt
- donc i dt = C.du
- on obtient i = C.du/dt
soit du/dt = i/C
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Il faut aussi remarquer que le courant de charge max (valeur
crête) risque d'être extrêmement important, i=U/r,
avec U = 20V et r = la résistance résiduelle du MOSFET
à l'état passant, soit 22 milliohm, donc i= 900A ! Le
transistor serait détruit !
ALORS COMMENT FAIRE ? Utiliser une
résistance en série ? sûrement pas ! C'est le
meilleur moyen de dissiper un tas de watt.
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7 IDEE : une SELF en série !
Une SELF en série, c'est en effet la
bonne solution. Nous savons en effet que le courant dans une inductance
à laquelle on applique un échelon de tension ne
s'établit que progressivement.
- u= L di/dt
- donc si u = Cte = U on
obtient (di/dt) = U/L = Cte c'est
à dire i = at
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On voit que le courant augmente avec le temps, en partant
d'une valeur nulle (condition de départ) . En fait lorsque t
tend vers l'infini, le courant tend vers la valeur i=U/r vue plus haut.
Mais entre temps la tension aux bornes du condensateur aura
augmentée et la tension résiduelle aux bornes de la self
aura diminué d'autant, ce qui fait que le courant n'atteindra
jamais des valeurs importantes.
En pratique on fait commuter le transistor à une
fréquence importante de façon à ce que les
variations de tension aux bornes du condensateur de sortie soient
très faibles. Et on ajuste le rapport cyclique du diagramme de
commutation de façon à obtenir à tout instant la
valeur désirée pour la tension de sortie quel que soit le
courant consommé dans la charge. En fait, on
récupère en sortie une tension plus faible que la tension
d'entrée, de valeur égale à la valeur moyenne de
la tension hachée.
OUI MAIS... il apparaît un nouveau
problème ! A l'instant où le transistor de commutation va
cesser de conduire, le courant dans la self va s'annuler
instantanément ! Aie ! c'est interdit ça ! En effet la
tension aux bornes d'une inductance est:
- u = - L di/dt.
- si di = une valeur non nulle ET dt
= 0, u -> l'infini !
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Dans ce cas la tension aux bornes de la self va croître
non pas jusqu'à l'infini, mais au moins jusqu'à ce qu'il
éclate une étincelle quelque part, en fait entre le drain
et la source dans le transistor ! Décidément on lui en
veut à ce pauvre transistor !
LA SOLUTION: La diode D1 (voir le schéma) entre
la masse et le côté 'chaud' de la self, permettant
à cette dernière de décharger l'énergie
E=1/2 L i^2 dans le condensateur. Génial ! au lieu de
faire cuire le transistor, on alimente le condensateur et donc la
charge en sortie ! Cette diode est dite " diode de roue libre" par
analogie je suppose avec ce qui se passe dans le système
à cliquet montés sur les vélos et permettant
à la roue de continuer à tourner lorsqu'on cesse de
pédaler.
Comment fonctionne cette diode ? Au moment où le
transistor va se bloquer, le courant dans L1 va décroître.
Un tension va apparaître à ses bornes (effet de self-induction,
c'est à dire d'induction d'une tension dans elle même,
lors de la variation de la valeur du courant, c'est d'ailleurs de
là que vient les nom de SELF ou INDUCTANCE qu'on donne aux
bobinages) avec une polarité telle qu'elle tend à
maintenir ce courant.
Supposons L1 fermée directement sur une
résistance câblée horizontalement dessous: (voir
schéma). Le courant initial parcours L1 de gauche à
droite. c'est à dire dans le circuit extérieur
(résistance imaginaire) de droite à gauche, formant une
boucle de courant tournant dans le sens horaire. Ca
correspondrait à faire apparaître une tension aux bornes
de cette résistance avec le positif du côté droit.
C'est cette tension, avec cette polarité qui va
apparaître aux borne de la self lorsque le courant va
décroître. Le plus à droite, le moins à
gauche. En fait de résistance imaginaire, nous avons un
condensateur bien réel et une diode dans le sens PASSANT en
série. C'est le circuit de roue libre. La roue c'est le courant
qui passe dans le sens des aiguilles d'une montre dans le circuit
fermé D1 - L1 - C2. (voir schéma) . Au passage il
charge C2.
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8 Tension sur la cathode de la diode Schottky (et la source de Q1 ainsi que la gauche de la self) :
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- Entre B et C le transistor conduit: on mesure donc la
tension issue du pont de diodes (un peu moins que 30V).
- En C le transistor se bloque.
- De C à A, la diode conduit et "décharge" la
self dans le condensateur.
- De A à B le transistor et la diode sont tous deux
bloqués: il n'y a plus de courant dans la self (ni de variations
de courant), sa tension s'annule et on retrouve donc la tension de
sortie (environ 5Vlors de ce test, celle aux bornes du condensateur C2)
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9 La diode Schottky
Le transistor est attaqué pas des signaux tout ce qu'il
y a de plus rectangulaires.
Aux bornes du condensateur C2, on mesure une tension de 5V continue, je
ne vous montre donc pas l'oscillogramme.
RÉCAPITULONS: Le transistor MOSFET , lorsqu'il
conduit, recharge progressivement le condensateur C2, mais aussi, par
établissement du courant dans la self, y accumule de
l'énergie. Lorsque transistor se bloque, l'énergie
de la self est transférée dans le condensateur
grâce à la diode D1. Cette dernière est parcourue
par un courant important, d'où le choix d'une diode en
technologie Schottky (faible tension de seuil à l'état
passant, de l'ordre de 200mV au lieu de 700mV pour une diode au
silicium classique), et donc moins de pertes.
Une seconde self L2 et un condensateur C3 constituent une
cellule de filtrage de l'ondulation résiduelle et de ses
harmonique. (Ca, c'est le point faible des alimentations à
découpage)
(*)REMARQUES:
Nous avons vu que lorsque le transistor conduit, il se produit
une faible perte d'énergie du à sa résistance
résiduelle à l'état passant. Mais ce n'est pas la
seule raison pour laquelle le transistor chauffe un peu. La commutation
du transistor entre l'état conducteur et l'état
bloqué ne se fait pas instantanément. En fait la
résistance équivalente du transistor met un certain temps
pour passer de presque zéro à presque l'infini et vice
versa. Durant ce laps de temps la tension aux bornes diminue pendant
que le courant augmente et vice versa, ce qui fait qu'à chaque
commutation et pendant un temps très court MAIS PAS NUL il y a simultanément
la présence de courant et de tension, et donc dissipation de
puissance. Ce temps de commutation dépend du type de transistor
utilisé mais aussi de la forme des signaux de commande
appliqués sur sa gate (électrode de commande). Pour
réduire les pertes de commutation on doit dont réduire ce
temps de commutation. C'est la fonction de la résistance R2
câblée entre gate et source qui permet d'évacuer
plus rapidement les charges accumulées dans la gate. Toutefois
on ne doit pas réduire le temps de commutation au delà
d'une certaine valeur ! Tiens, voilà autre chose maintenant ! Et
pourquoi donc ? Il y a au moins deux raisons à cela:
- Des temps commutation trop brefs correspondent à des
transitions de tension à très haute fréquence
pouvant gêner l'environnement.
- Mais surtout il y a un risque de détruire le
transistor ! En effet les fils et les pistes du circuit imprimé
qui relient le transistor à la diode présentent eux
même une certaine self-induction (dans le domaine des très
hautes fréquences, un fil = une self. Il suffit de
démonter un tuner TV ou un LNB de récepteur satellite
pour s'en convaincre ). Une variation trop rapide du courant dans ce
fil provoque alors une surtension ( u= -L di/dt une fois encore !)
directement au coeur du transistor, qui répétée
des milliers de fois par seconde finirait par l'endommager.
Donc on doit conserver de (faibles) pertes en commutation! Ce
qui est gênant c'est que ces pertes étant bien sûr
identiques à chaque commutation, leur valeur moyenne est
proportionnelle à la fréquence de commutation. Ce qui est
regrettable parce qu'augmenter la fréquence de commutation
permet de travailler avec des inductances et des condensateurs de plus
faible valeur (donc moins encombrants et plus légers). Et une
fréquence trop basse pourrait être audible (si < 10kHz
les selfs sifflent désagréablement).
CONCLUSION:
On voit à propos de cette alimentation, mais cela est
général dans le domaine de l'électronique, que
l'optimisation d'un ensemble complexe est affaire de compromis ! Il n'y
a pratiquement jamais de règle simple amenant à la
solution parfaite. On améliore certains points au
détriment d'autres qui semblent moins importants pour une
utilisation donnée. (Le poids serait un facteur
prépondérant à prendre en compte dans le domaine
de l'aéronautique par exemple). Ça peut paraître frustrant
à des esprits assoiffés de perfection, toutefois ce qui
reste toujours encourageant c'est que la technique (et les
"technologies") évoluant très vite, ce qui constituait un
casse tête insurmontable devient quelques temps plus tard un jeu
d'enfant !
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